Quatre membres d’HumanIA témoignent à titre d’experts devant la Commission des institutions de l’Assemblée nationale.
Les professeurs Sébastien Gambs et Marie-Jean Meurs (Département d’informatique, UQAM), Yves Gingras (histoire, UQAM) et André Mondoux (École des médias, UQAM) ont été convoqués à titre d’experts par les parlementaires dans le cadre de la Commission des institutions de l’Assemblée nationale. Celle-ci tiendra, du 12 au 14 août prochains, des consultations sur les outils technologiques de notification des contacts, leur pertinence, leur utilité et, le cas échéant, les conditions de leur acceptabilité sociale dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.
Marie-Jean Meurs et Yves Gingras participeront à ces consultations le 12 août, tandis que Sébastien Gambs, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en analyse respectueuse de la vie privée et éthique des données massives, et André Mondoux, directeur du Groupe de recherche sur la surveillance et l’information au quotidien (GRISQ), témoigneront le lendemain.
Les quatre professeurs consultés sont membres d’HumanIA, le regroupement multidisciplinaire de chercheurs qui s’intéressent aux enjeux sociaux et éthiques associés aux développements technologiques en intelligence artificielle, lequel est affilié au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST).
Dans le but de limiter la propagation du coronavirus et de guider les stratégies de déconfinement, différents pays dans le monde, dont le Canada, recourent déjà ou envisagent de recourir à différents types d’applications. Celles-ci permettent, par exemple, de partager des données de géolocalisation, de suivre les déplacements et les interactions sociales d’individus pour savoir s’ils ont été en contact avec une personne infectée par la COVID-19, ou encore d’alerter les autorités en cas de non-respect d’une consigne d’isolement, en vérifiant, entre autres, les sorties à l’extérieur du domicile.
En juin dernier, le gouvernement du Canada annonçait sa volonté d’aller de l’avant avec une application basée sur une technologie mise à la disposition des gouvernements par Apple et Google. «La consultation porte sur les applications de traçage et de notification en général, mais la mise en service par le gouvernement du Canada d’Alerte COVID donne une place particulière à cette application», précise Marie-Jean Meurs.
«Dans le contexte actuel d’urgence, nous devons trouver un équilibre entre la protection de la santé publique et le respect de la vie privée des individus, un droit démocratique fondamental», soulignait en mai dernier le professeur Sébastien Gambs, qui a participé aux travaux du comité de travail spécial de la Commission de l’éthique en science et en technologie sur les projets d’application de traçage. Ce comité a remis en avril dernier au gouvernement du Québec un document intitulé «Rapport sur les conditions d’acceptabilité éthique d’une application mobile intégrant l’intelligence artificielle pour la surveillance de la COVID-19 au Québec».
Dans l’éventualité d’une recrudescence des cas de COVID-19 l’automne prochain, le gouvernement du Québec devait rapidement statuer sur l’ajout d’une application de notification d’exposition à l’ensemble de ses outils de lutte contre le virus. En raison de la sensibilité des sujets touchant l’utilisation d’outils technologiques pour freiner la propagation de la COVID-19, le gouvernement estimait nécessaire de tenir un débat public.
Dans un premier temps, on a consulté les citoyens afin de mesurer leur intérêt pour une telle application et de cerner leurs préoccupations. La Commission des institutions s’apprête maintenant à entendre des experts sur le sujet afin de recueillir leurs avis sur ces applications, soupeser les risques et avantages de ces dernières, et déterminer si l’encadrement en place est adéquat.
«Sébastien, Yves, André et moi échangeons régulièrement sur le sujet, note Marie-Jean Meurs. Pour autant, chacun va contribuer à la consultation avec un avis issu de son expertise spécifique. Yves et moi intervenons ensemble pour insister sur l’approche multidisciplinaire indispensable à toute réflexion sur un sujet à la fois technologique et de société.»
Source : Actualités UQAM